Les peurs de l'islam : déclinaisons nationales

CISMOC

25 avril 2019

Dans le cadre du cycle de conférences SSH2020-Islam « Pensées, rationalités, cultures et sociétés d’Islam : hier, aujourd’hui, demain » soutenu par le Secteur des Sciences humaines (SSH) et son projet stratégique « Louvain 2020 », nous avons le plaisir de recevoir pour la huitième et dernière conférence du cycle :

John R. Bowen, professeur Dunbar-Van Cleve en Anthropologie socio-culturelle à la Washington University in St. Louis, spécialisé dans les domaines de la sociologie comparée de l’islam, de la théorie politique et du pluralisme juridique et de l’immigration dans les aires régionales Asie du Sud-Est (Indonésie) et Europe occidentale (France, Grande-Bretagne, Pays-Bas), auteur de nombreux articles de revue et ouvrages, dont Blaming Islam, paru en 2012 aux presses du MIT, dont la traduction française, L’islam: l’ennemi idéal, a été publiée en 2014 chez Albin Michel, et On British Islam: Religion, Law, and Everyday Practice in Shari’a Councils, publié en 2016 par Princeton University Press, pour lequel il a reçu, dans la catégorie ‘mention honorable’, le Prix Laura Shannon 2019 pour les études européennes contemporaines, qui récompense le « meilleur ouvrage qui, par-delà un pays, un Etat ou un peuple, stimule de nouvelles manières de penser l’Europe contemporaine dans son ensemble ».

Sont prévus dans ce cadre :

  • une grande conférence, intitulée « Les peurs de l’islam : déclinaisons nationales », ouverte au grand public, le jeudi 9 mai (de 20h à 22h), à la Fondation Universitaire – Bruxelles, Salle Félicien Cattier (Rue d’Egmont 11 @ Bruxelles)

Résumé :

Quoiqu’on parle d’« islamophobie » comme phénomène général, la pensée anti-islamique se décline en fonction de spécificités nationales. Les idées dominantes concernant l’espace public, la visibilité des religions et les limites du pluralisme juridique façonnent les réponses, dans différents pays, aux « nouveaux objets islamiques ». Par exemple, l’introduction d’une marque halal dans l’espace public provoque un tollé en France parce que censée diviser les citoyens, tandis qu’aux Pays-Bas, la fabrication des produits halal et « typiquement néerlandais » est motivée par un souci d’intégrer les immigrés et est largement célébrée comme telle, tandis que le gouvernement essaie, à la fois, de limiter la distribution de viande halal aux « communautés ». Refuser de serrer la main symbolise, dans l’imaginaire néerlandais, un refus d’intégration et correspond plus ou moins au hijab dans l’imaginaire français. Finalement, la présence de références islamiques dans la sphère juridique choque aux États-Unis, mais beaucoup moins en Angleterre ; le cas étant l’inverse quant à la présence d’instances quasi juridiques traitant des demandes de divorce de la part de musulmanes—chose, à son tour, impensable en France. L’islam devient ainsi l’« ennemi idéal » parce que, faute d’une connaissance réelle des concitoyens musulmans, tout et son contraire peuvent être imaginés à leur sujet.

  • un séminaire de recherche, sur « La performativité des institutions islamiques en Europe mise en question », le vendredi 10 mai (de 12h45 à 14h00), Salle Urbain Vaes (Place des Doyens,1 @ Louvain-la-Neuve)

Résumé :

L’objectif du séminaire est d’étudier si les termes politiques que l’on trouve dans l’islam sont consubstantiels de celui-ci comme religion, ou s’il s’agit d’un langage politique qui s’est constitué historiquement en rapport avec les conflits politiques au sein du monde musulman avant qu’il ne soit étendu, pour des raisons de politiques d’abord internes, aux relations avec le reste du monde. Pour cela, nous partirons notamment du texte coranique, considéré par tous les musulmans comme l’ultime, voire la seule référence, en vue d’examiner l’usage qui y est fait des termes en présence, dans un jeu de signifiants et de signifiés aux statuts équivoques et polysémiques, mobilisés de manière instrumentale par les pouvoirs et les théologiens qui les servent.

 

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