Erika Lombart

CENTAL Louvain-La-Neuve

Peux-tu décrire brièvement ton parcours jusqu’à présent ?

J’ai commencé par des études en romanes que j'ai poursuivies avec un DEC en ingénierie linguistique, avant de travailler comme enseignante dans le secondaire supérieur pendant 17 années. En parallèle à cela, j’ai également travaillé 6 ans dans le domaine de la traduction et de l’adaptation.
Cela fait maintenant 5 ans que je réalise ma thèse sous la direction conjointe de Cédrick Fairon et de Louise-Amélie Cougnon (MiiL). Je coorganise aussi les séminaires du CENTAL.

Peux-tu présenter plus précisément ton projet de thèse ?

Je m'intéresse à toutes les formes d’implicite ; c’est-à-dire à tous les messages dans lesquels la personne qui s’exprime dit autre chose que ce qu’elle veut faire comprendre. Pour étudier ces messages, j’ai accès à un immense corpus composé des discussions des forums de Doctissimo. J’y analyse ce que les gens produisent sans intervenir dans les échanges. L’objectif de ma recherche est de dégager les caractéristiques formelles (construction) et pragmatiques (utilisation) de ce phénomène complexe qu’est l’implicite.

Quels défis as-tu rencontrés tout au long de ta recherche ?

L’implicite est un phénomène interprétatif complexe. La conversation ne m’étant pas adressée, il est parfois très difficile de l'interpréter correctement, et cela peut demander beaucoup de réflexion et de temps. Par ailleurs, l’implicite n’avait pas encore été étudié comme un phénomène global, et c’est donc à une tâche de grande ampleur à laquelle je m’attèle.

Si tu devais identifier des plus-values pour la recherche scientifique et/ou la société, quelles seraient-elles ?

Au niveau scientifique, cette analyse me permet de mieux comprendre à quoi servent les messages implicites : Servent-ils à gérer la conversation ? Ou au contraire la desservent-ils car ils sont agressifs ? Par ailleurs, mon approche globale me permet d’étudier les relations qui unissent les différentes formes de l’implicite et la manière dont elles se construisent. Or, avant de pouvoir développer une recherche automatique, il faut établir une liste d’indices formels la plus complète possible du phénomène étudié. C’est précisément à cela que ma thèse s’attèle. Au niveau sociétal, une reconnaissance automatique des phénomènes liés à l’agressivité peut s’avérer précieuse pour protéger les utilisateurs le plus fragiles du Web et éviter les dérives que l’on y rencontre trop souvent.

Comment décrirais-tu le quotidien au CENTAL ?

L’équipe du Cental est très dynamique et j’aime vraiment l'agencement des bureaux. Il y a notamment un coin cafétéria qui favorise les échanges entre collègues. Cette expérience professionnelle est très enrichissante, y compris sur le plan humain.