La formation sur le terrain, avec les réfugiés
Barbara Moser- Mercer est Autrichienne.
Master of Arts (M.A) et PhD, Language lnterpretation and Translation, Psycholingusi ti cs - Universitat Innsbruck
Professeur ordinaire à l' université de Genève -Interprétation de conférence - Faculté de traduction et d'interprétation - Université de Genève.
Directeur du département d'interprétation - UNIGE
Professeur ordinaire à l' Université de Genève, Barbara Moser-Mercer a développé ses recherches sur les aspects cognitifs et neuro-cognitifs du processus d'interprétation, ainsi que sur la place de la performance humaine dans le développement des capacités. Elle est la fondatrice et la directrice d'ln Zone, un centre qui développe des formations d'interprètes en situation d'urgence et de crise. Dans ce cadre elle a développé le Virtualinstitute©, le premier environnement de formation virtuelle entièrement intégré pour interprètes, qu' elle anime en partenariat avec le CICR, l'OIT, UNHCR, MSF, UN-OCHA et UN-WFP dans le but de former des interprètes tr availlant dans des zones de conflit (lnZone).
L'histoire d'lnZone débute en 2005, lorsque l'Unité d'interprétation de l' Université est mandatée par l' Organisation internationale des migrations afin de former des interprètes travaillant en Irak où la situation reste très tendue malgré la fin officielle du conflit. « Sur les 12 candidats retenus, seuls quatre ont finalement obtenu leur visa pour Genève, se souvient Barbara Moser-Mercer. Nous avons très vite réalisé que les besoins étaient énormes et que ces gens n'étaient pas du tout formés correctement à la tâche qui les attendait. »
Disposant d' une certaine expertise en matière de formation à distance, l'équipe de Barbara Moser-Mercer se lance alors, en collaboration avec le CICR et depuis le bureau auprès des Nations unies dont dispose l' Université à Nairobi, dans la conception de cours virtuels de base permettant d'acquérir les principes essentiels du métier en situation de crise.« L'interprète est doté d'un pouvoir énorme, complète Barbara Moser-Mercer. Il peut biaiser la communication en introduisant de légères nuances dans son intonation. Il était donc primordial de rendre les participants au cours attentifs à leur devoir de neutralité en leur expliquant ce qu'il est possible d' accepter et de refuser dans de tels contextes de travail. »
La formule a ses avantages - la légèreté de l' infrastructure nécessaire, la possibilité de créer une communauté de praticiens pouvant partager leurs expériences au-delà des frontières - mais elle a aussi ses inconvénients.
« Après évaluation du projet, il est apparu que le tout-à-distance n' était pas idéal, confirme Barbara Moser-Mercer. Principalement parce que ce mode de fonctionnement ne permet pas de développer les compétences nécessaires ni de vérifier qu' elles sont acquises. Par ailleurs, nous avions commen cé à travailler à Nairobi même - où nous avons eu de bons résultats - alors que de l'aveu même des populations locales, les besoins les plus criants se trouvaient dans les camps de réfugiés. »
En partenariat avec un ingénieur kényan, l' équipe de Barbara Moser- Mercer se lance alors dans la conception de deux structures mobiles permettant d'enseigner à la fois en présentiel et à distance et baptisées lnZone@UNIGE Learning Hub. « En étant plus présents sur le terrain, nous avons progressivement réalisé que nous pouvions offrir davantage que la formation de base non certifiante que nous avons élaborée pour les interprètes humanitaires, explique Barbara Moser-Mercer. Les camps de réfugiés sont en effet des sortes de no man's land éducatifs en ce qui concerne la formation tertiaire ».
Constatant qu' ln Zone était sur la bonne voie et qu'il y avait encore beaucoup à faire, notamment du côté des formations non formelles utilisant des ressources ouvertes, l' équipe d'lnZone s' est attelée à la préparation d'un MOOC (Massive Open Online Course) portant sur la communication humanitaire. lnZone s'est ensuite rapprochée de l'ONG Disaster Ready, qui est le plus important fournisseur de cours gratuits dans le domaine de l'humanitaire, afin de produire des modules d'enseignement livrés clés en main.
Elle fut membre du Groupe de haut niveau sur le multilinguisme mis en place par le commissaire européen en charge du multilinguisme, Leonard Orban. Elle est par ailleurs coordinatrice du Master européen en interprétation de conférence. Elle est enfin interprète de conférence, membre de I' AIIC et de la commission de recherche de I' AIIC. Depuis 2015, elle est membre du Working Group on Standards en Practice de l'international Network for Education in Emergencies.
Prix et distinctions:
- SXSW Community Service Award - 2017
- Médaille d'innovation - Université de Genève - 2014
Sources: