Lors d'une épidémie comme le CoronaVirus, l'impact économique sur le système de santé est de deux ordres, des coûts directs et des coûts indirects.
Les coûts directs concernent principalement les soins médicaux liés au dépistage et/ou au traitement de la maladie ainsi que les pertes de productivité, qui font suite aux journées de congés maladies. La durée d'hospitalisation d'une personne infectée est courte et les frais d'hospitalisation sont donc faibles, ou comparables à une grippe hivernale pour laquelle nous n'aurions pas de vaccin.
Ainsi l'impact économique direct sur les dépenses de santé d'une épidémie comme le CoronaVirus est plutôt restreint tout particulièrement si on le compare à des épidémies de plus grande ampleur comme le SIDA ou le paludisme.
Des coûts indirects difficiles à mesurer
Les coûts indirects, au contraire, peuvent être de plus grande ampleur et sont difficiles à mesurer ex-ante. D'une part, l'épidémie peut être associée à un engorgement des services de soins. L'inquiétude des citoyens les conduit à se rendre aux services d'urgence quelquefois inutilement, et ceci peut alors entrainer un ralentissement des soins pour les types de recours d'urgence habituels et réguliers, indépendants de l'épidémie.
D'autre part, le personnel médical doit faire face à un stress accru lié à l'épidémie puisque ils sont face à un pathogène infectieux inconnu, dont le mode de transmission est encore incertain, mais très contagieux et qui peut aussi être fatal. A ce stress professionnel s'ajoute une inquiétude naturelle pour les soignants d'être en contact avec des malades du CoronaVirus ou des malades suspectés et donc d'être eux-mêmes contaminés et donc contagieux.
Soutenir les soignants
Ainsi, il semble important si l’épidémie de CoronaVirus vient à toucher la Belgique de prendre des mesures pour soutenir les soignants dans nos hôpitaux afin de leur permettre de faire leur travail dans les conditions les meilleures.
Dans ce contexte, l'information sur les symptômes à détecter est essentielle afin que la population ne cède pas à la panique inutilement. Par exemple, la mise en place d'une permanence téléphonique vers laquelle orienter les citoyens pourrait soulager les hôpitaux et les soignants, qui sont en première ligne de la crise et permettrait de prioriser les cas pertinents. Il s'agirait alors de permettre aux citoyens de décrire leurs symptômes avec quelques questions clefs et selon leurs réponses les encourager ou non à se rendre à l'hôpital.
La solution optimale : la quarantaine
En l'absence d'un traitement clair et efficace pour soigner le CoronaVirus, la quarantaine est une solution optimale pour arrêter la propagation de l'infection. Si la quarantaine peut s'accompagner de pertes de productivité du fait de la diminution des heures travaillées et de l'accroissement des jours de congés maladie, elle a de réels avantages sur l'absence d'apparition de nouveaux cas et de ce fait, sur la diminution du nombre de malades voire de décès liés au CoronaVirus.
Par exemple, des travaux canadiens ont alors montré lors de l'épidémie de SARS de 2003 que la quarantaine était non seulement une mesure qui avait permis de sauver des vies, mais qui avait surtout permis de faire des économies au système de santé. La quarantaine serait donc une solution coût-efficace pour la collectivité.
Sandy Tubeuf
Professeure en Economie de la Santé à l’Institut de recherche santé et société (IRSS) et à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES)