Un processus inédit à l'UCLouvain - Interview de Min Reuchamps

L’Assemblée de la Transition est un processus participatif pour le moins original. L'équipe de It's a new week a rencontré Min Reuchamps, expert en innovations démocratiques et membre du Comité de pilotage de l’Assemblée de la Transition. Pourquoi avoir fait le choix de ce type de consultation ? Quel en sera l’impact et la portée ?

 

En quoi consiste exactement cette Assemblée et pour quelles raisons ce processus a-t-il été adopté ici à l’université pour discuter du Plan Transition ?

Ce concept d’assemblée « citoyenne » repose sur un double dynamique : il donne la parole à des personnes qui, habituellement, ne participent pas aux réflexions sur ce sujet, n’étant pas membres d’organes représentatifs ou d’instances en lien avec la thématique comme le Conseil du développement durable (CoDD). L’autre aspect positif est de permettre à des personnes issues de différents horizons au sein de l’université d’échanger autour de ce thème important qui est particulièrement transversal.

Est-ce la première fois qu’un tel processus participatif est mis en place ici à l’université ?

Il y a quelques années l’AGL a organisé un G50 durant lequel des étudiant·es tiré·es au sort ont pu échanger à propos de différentes thématiques (telles que la numérisation et l’accessibilité) et, sur cette base, élaborer des revendications qui ont ensuite été relayées par les représentant·es étudiant·es. Mais une telle Assemblée à l’échelle de l’ensemble de l’université, c’est quelque chose d’inédit, même s’il y a beaucoup d’organes de participation et de représentations qui existent au sein de l’université, il ne faut pas l’oublier.

C’est aussi une pratique que nous avons observée dans d’autres universités. À l’université de Lausanne notamment.

Quels seraient les inconvénients d’un tel processus ?

60 personnes sont tirées au sort pour envisager une thématique qui touche les 7000 membres du personnel ainsi que les 40 000 étudiants et étudiantes. La communauté universitaire est bien plus grande que ces 60 personnes. Celles-ci ne sont pas élues pour être des représentantes ; elles viennent pour parler en leur nom, mais avec tout le bagage de leur propre expérience. Par contre, on a veillé à ce qu’elles soient le plus diversifiées possibles, avec un équilibre en termes de genre, de facultés, de secteurs d’activité de l’université. Aussi, les 4 corps sont représentés à part égale. L’enjeu est d’arriver à ce que les réflexions puissent s’élargir au-delà des personnes tirées au sort. Dans cette perspective, toute la communauté universitaire aura accès aux ressources préparées pour l’Assemblée de la Transition (notamment des capsules vidéos) et il sera possible de réagir et partager des réflexions sur les thèmes discutés par l’Assemblée.

Quel sera l’impact de cette Assemblée ?

Les résultats de l’Assemblée de la Transition seront communiqués en février 2024. Ils seront présentés au conseil académique et au conseil d’administration. Le conseil du développement durable est aussi dépositaire des résultats de cette Assemblée. Ces instances jouent un rôle important dans la gouvernance de l’université singulièrement pour les questions de Transition. Ces réflexions viendront aussi nourrir les débats qui animeront l’université lors des élections rectorales.

L’Assemblée de la Transition s’inspire-t-elle des expériences de participation citoyenne proposées dans le monde politique ?

Ces expériences se multiplient en effet dans la sphère publique depuis les années 2000. Ces dernières années, des assemblées citoyennes ont été mises en en place et prennent de l’ampleur. Une expérience très connue, en France, est la Convention citoyenne pour le climat, mais d’autres villes, régions et pays ont aussi organisé de telles assemblées. C’est un mouvement plus général qui touche la vie politique, mais qui peut aussi et de manière très positive, toucher les organisations, comme notre université. Bien sûr, une telle Assemblée de la Transition est une première pour notre université, elle est donc expérimentale, et elle fera l’objet d’une évaluation en vue de prochaines expériences.

Quel message avez-vous envie de faire passer à cette occasion ?

Restons attentives et attentifs ! Parlons-en avec les personnes qui ont eu la chance d’être tirées au sort. La transition de notre institution vers une université plus durable nous concerne toutes et tous.

Le Comité de pilotage de l’Assemblée de la Transition est composé de :

  • Pre Marthe Nyssens, Prorectrice Transition et Société
  • Coralie Helleputte, assistante de recherche et membre du CoDD
  • Iphigénie Koutsougeras, étudiante et membre du CoDD
  • Pr Min Reuchamps, expert en innovation démocratique
  • Marc Servais, chargé de mission développement durable.

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Publié le 03 octobre 2023