2019-2020 | Anima, urgence poétique

Chez les Romains, anima, c’est l’air, le souffle, la respiration, l'animation vitale, la vie, l’âme. Littéralement : ce qui nous anime. L’anima est la part la plus cachée, la plus secrète de notre être. Elle participe du principe même de vie, ce principe invisible, à l’image de l’air, élément dont on use à chaque seconde et auquel on ne pense jamais. L’anima est souffle de vie. La pensée indienne le nomme aum, la pensée chinoise qi, la pensée hébraïque ruah, la pensée arabe rûh, et la pensée grecque pneuma. En français, on donne à l’anima un nom particulier : l’âme. L’âme est en nous ce qui nous permet de désirer, de ressentir, de nous émouvoir, de résonner, de conserver mémoire de toute part, même enfouie, même inconsciente de notre vécu et, par-dessus tout, de communier par affect ou par amour. L’âme/anima a quelque chose d’originel, de natif. Elle est en-deçà ou au-delà du langage. Constituant la part la plus intime, la plus secrète, la plus inexprimable et, dans le même temps, la plus vitale de chaque être, absolument spécifique à lui dès avant sa naissance, cela jusqu’à son dernier souffle, entité irréductible et surtout irremplaçable. Unie à un corps et l’animant, elle est la personne même.« L’âme est la basse continue qui résonne en chacun de nous » (Jacques de Bourbon Busset). Parcelle, étincelle du Souffle originel, elle inspire en nous un chant à l’accent éternel. En nous, c’est-à-dire en nous tous, les vivants : anima a donné le mot « animal » comme le mot « âme ». Et que dire de l'âme des lieux et des choses, comme Lamartine : Objets inanimés, avez-vous donc une âme Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?